LFI Madagascar

Quand le silence devient complice

Il y a des sujets dont on peut parler, mais seulement à voix basse. C’est un air connu. Ainsi en va-t-il du sujet de Gaza dans la diplomatie malgache : la Grande Île a voté, à l’ONU, pour un cessez-le-feu humanitaire, pour la libération des otages et la protection des civils, s’alignant sur la majorité africaine et internationale. Mais ce vote s’est fait sans éclat, sans déclaration tonitruante, sans communication officielle appuyée… Le grand communicateur sait ainsi parfois se taire …

Pourquoi ? On s’entend bien… Parce qu’il fallait ménager les équilibres : ne pas froisser Israël (et remettre en question les derniers projets et autre Agropole) et les États-Unis, tout en restant fidèle au consensus africain, européen et onusien. La politique gasy dans toute sa splendeur : l’art de dire oui en murmurant pour que personne n’entende vraiment.

Ce même silence prudent se retrouve sur un autre front, plus proche et pourtant tout aussi tragique : celui de la pauvreté et des inégalités à Madagascar. Chacun sait leur ampleur, chacun en mesure le coût humain. Mais dans le discours formel, ces réalités restent souvent atténuées, diluées dans des promesses de développement… Ou effacée derrière les slogans de l’Émergence quand elles ne sont pas utilisées pour faire de l’image lors de pseudos campagnes électorales … Ou embarquées dans les cabines de téléphériques … On peut en parler, certes mais, là encore, plus discrètement que ça, tu meurs

Cette double occultation— Gaza au nom du pragmatisme en diplomatie internationale, la pauvreté au nom de la légitimité politique qui fuit ses responsabilités — nous place devant une question : pourquoi les gouvernements choisissent-ils la discrétion là où l’éthique commanderait de parler fort ? Realpolitik, nous répondra-t-on.

Mais comment nous, citoyens, intellectuels ou militants, pouvons-nous réhabiliter la voix de notre humanité là où règne la prudence calculée ?