LFI Madagascar

Monsieur le Président,

Dans tout régime autoritaire, qu’il soit dictatorial ou totalitaire, une même stratégie revient inlassablement lors d’une crise politique ou sociale : la menace du chaos.

À chaque fois que le peuple manifeste une volonté de changement important, le pouvoir en place réagit non par l’écoute ou la réforme, mais en agitant le spectre de l’instabilité. C’est le chantage classique : « C’est nous ou le désordre ». Autrement dit : « Obéissez ou vous sombrerez dans le chaos ».

Les pires dictatures, dans l’histoire lointaine comme récente, ont utilisé la même stratégie, s’appuyant sur une logique profondément malhonnête.

En présentant toute contestation comme une menace à l’ordre public, Monsieur le Président, vous tentez de délégitimer la parole du peuple et de disqualifier toute alternative politique. C’est une façon subtile, mais redoutablement efficace, de neutraliser le débat démocratique. Une logique qui repose sur la peur plutôt que sur le dialogue, sur l’intimidation plutôt que sur la confiance dans la maturité démocratique des citoyens.

Or, la France, Monsieur le Président, est censée être une démocratie. Ce n’est pas une dictature, nous dit-on. Et pourtant, depuis plusieurs semaines, on observe une rhétorique inquiétante de votre part et de celle de votre entourage. La menace du chaos revient en boucle dans vos discours ! Chaque mise en garde contre « l’extrémisme » en faisant allusion à la LFI (pourtant elle n’est pas de l’extreme gauche, et c’est le Conseil d’Etat qui le dit ce n’est pas moi), chaque appel à la « responsabilité » est implicitement fondé sur l’idée que tout changement de cap serait synonyme de désordre, de violence, voire d’effondrement !

Ce chantage au chaos est en réalité une forme de déni démocratique. Il présuppose que le peuple ne serait pas capable de faire des choix rationnels ou pacifiques, qu’il faudrait le protéger de lui-même ! C’est là une conception profondément élitiste et paternaliste de votre part, qui contredit profondément le concept de démocratie ! Comme si l’alternance ou la remise en question de votre pouvoir en place était en soi une menace, plutôt qu’un fonctionnement normal et sain des institutions et des États, soi-disant « démocratiques » !

Monsieur le Président, le vrai danger pour la démocratie ne vient pas du débat, du désaccord ou même de la colère populaire dans la rue. Il vient de ceux qui refusent d’entendre cette volonté de changement face à l’ordre injuste, et qui travestissent la peur en argument politique. Quand la stabilité devient un prétexte pour étouffer le changement, c’est la démocratie elle-même qui vacille.
Rappelons-nous ce qu’il a été si bien dit par Romain Rolland : « Quand l’ordre est injustice, le désordre est déjà un commencement de justice. »

Monsieur Emmanuel Macron, la France n’est pas une dictature et vous n’êtes pas encore dictateur. Vous êtes, bien sûr, un autocrate contrarié qui a perdu trois élections successives (les législatives de 2022 et 2024 ainsi que les européennes de 2024). Votre pouvoir, basé sur l’injustice sociale et la polarisation de la société, est le principal danger pour la démocratie.

Alors, pour le bien de la France, partez