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Gaza : Le silence de Dieu
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Hier, dans la nuit du lundi 8 au mardi 9 septembre, au large de Tunis, Israël a attaqué par drone l’un des principaux bateaux de la flottille en route vers Gaza. 

Israël s’arroge le droit d’attaquer la Syrie, le Liban, la Jordanie, le Yémen, l’Iran… et désormais la Tunisie ! C’est, tout simplement, un État voyou.

Mais ce qui est le plus choquant pour moi, ce n’est même plus cette voyouterie, car elle est attendue de la part des colonialistes et suprémacistes. Le plus insupportable, c’est cette complicité grossière et décomplexée des États occidentaux, qui ferment les yeux, voire soutiennent.

Et pourtant, la nature monstrueuse du génocide perpétré par Israël à Gaza apparaît chaque jour avec plus de clarté. Les conséquences de cette tragédie se manifestent chaque jour davantage : la bande de Gaza est désormais totalement isolée, plus aucun camion d’aide n’est autorisé à y entrer, alors même que les bombardements se poursuivent sans relâche.

Les bilans officiels, centrés presque exclusivement sur les victimes des frappes aériennes, font état de plusieurs dizaines de morts quotidiennement (entre 80 et 100) depuis environ 23 mois, 690 jours, environ 65 000 morts, dont plus de 20 000 enfants !! Toutefois, ces chiffres omettent les décès causés par la soif, la faim, les maladies ou les blessures non soignées, des morts qualifiées à tort de « naturelles », dans un territoire devenu un véritable mouroir, privé d’eau potable, de nourriture, de médicaments et de tout.
Cette tragédie dépasse, dans son horreur « industrielle », raisonnée et planifiée, celles de la Bosnie ou du Rwanda. La différence, c’est que ce génocide se pratique avec des « mains propres » : pas à la machette, pas « par balles », mais par des avions. Les pilotes de bombardiers ou de drones, qui appuient sur un bouton, ne voient pas les enfants qu’ils déchiquettent ou brûlent vifs. Les gardiens du portail de Rafah, qui bloquent une armada de camions humanitaires, ne voient pas les corps s’éteindre de faim. Peu importe, au fond, qu’ils voient ou non les conséquences de leurs crimes, ça ne change rien. Les photos et vidéos des soldats s’amusant à fouiller les maisons des Gazaouis et des colons « civils » bloquant les camions d’aide humanitaire me laissent penser qu’ils pourraient éprouver la même satisfaction en voyant les corps des enfants, des femmes et des hommes disloqués sous l’impact de leurs armes.

Un génocide se déroule sous nos yeux depuis un peu moins de deux ans, en direct, et les grandes puissances de ce monde ne font rien, à part protester très vaguement ! Cette tragédie est en train de transformer l’image que l’humanité se fait d’elle-même.
Personne ne me parle plus de civilisation, de justice, d’humanisme… Bla bla bla.

Ce monde est gouverné par la loi du plus fort, où la souffrance des faibles semble ne compter pour rien. L’indifférence des puissants face à cette horreur n’est que, à mon sens, le reflet d’une société capitaliste, où les valeurs humaines sont conditionnées par le pouvoir et l’argent.

« Israël est un bébé né d’un viol ; nous ne pouvons pas le tuer. », je ne sais pas de qui est cette phrase, peut-être de Michel Warschawski. Peu importe, ce bébé est devenu un monstre terrifiant et cruel. Alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Un sioniste issu de la Haganah (organisation juive paramilitaire en Palestine de 1920 à 1948), Hans Jonas, a fini par quitter Israël. Évoquant la question des Palestiniens, il reconnaissait :
« Je dois avouer à ma honte que moi non plus, je n’y avais pas beaucoup réfléchi, et que je nourrissais même de curieux rêves militaristes. »

En 1984, Hans Jonas a écrit un ouvrage remarquable intitulé « Le concept de Dieu après Auschwitz », dans lequel il propose une réflexion sur la manière dont on peut encore concevoir Dieu après la Shoah, Dieu qui n’a rien fait pour aider les victimes ! Il dit : « Pendant toutes les années qu’a duré la furie d’Auschwitz, Dieu s’est tu ».


Il faudra maintenant, sans doute, que quelqu’un écrive un livre s’intitulant « Le concept de Dieu après Gaza ».

Mais Bakunin avait certainement raison lorsqu’il a dit : « Si Dieu existait réellement, il faudrait le faire disparaître. »