L’éthique sans politique reste impuissante. C’est une évidence qu’on préfère oublier. Il ne suffit pas de s’indigner, ni même de proclamer des valeurs dans des déclarations lénifiantes. Il faut traduire cette éthique en décisions, en institutions, en choix concrets…. En responsabilités… Et là, ça se complique.
Pour Gaza, cela signifie œuvrer pour une paix juste qui reconnaisse la dignité des Palestiniens, au-delà des rapports de force… Et au-delà de l’émotion. Mais QUI a vraiment intérêt à cette paix ? Pas les marchands d’armes, pas les extrémistes des deux bords, pas les puissances qui utilisent le conflit pour leurs propres agendas géopolitiques… Et surtout pas les politiques qui défendent avant tout leur survie au détriment des peuples.
Pour Madagascar et l’Afrique, cela signife construire des politiques courageuses qui réduisent réellement les inégalités : investir massivement dans l’éducation, la santé, la protection sociale, au lieu de se contenter de réformes de façade ou de dépendre éternellement des inancements extérieurs. Et ici, en miroir, QUI a vraiment intérêt à ce que Madagascar sorte de la dépendance ? Pas les multinationales qui exploitent ses ressources, pas les bailleurs qui maintiennent leur influence par l’aide conditionnée … Et surtout pas les élites locales qui profitent ad nauseam du système.
La responsabilité ne relève pas seulement des États. C’est aussi celle des élites, des sociétés civiles, des diasporas, des citoyens. Mais là encore, il faut sortir des discours convenus. La diaspora malagasy envoie chaque année des centaines de millions de dollars au pays sous forme de transferts. C’est bien. Mais est-ce que ces transferts transforment structurellement l’économie malgache ? … Ou bien ne font-ils que maintenir le statu quo en entretenant des logiques de survie sans remettre en question le système ?
La solidarité doit devenir une pratique quotidienne, pas seulement un slogan qu’on sort dans les moments de crise. Cela implique des choix concrets. Ces choix ont un coût. Ils nous obligent à sortir de notre zone de confort… A remettre en question nos privilèges … A accepter que la justice pour les autres puisse impliquer moins de confort pour nous-mêmes… L’accepter, l’assumer, serait en soi révolutionnaire.