La guerre choque parce qu’elle est immédiate, visible, sanglante. La pauvreté, elle, tue en silence. Et pourtant, d’un point de vue éthique, le scandale est le même : des vies humaines condamnées.
Redonner tout son sens au respect de la dignité de l’homme et son corollaire, réduire les inégalités, ne relèvent pas seulement de la sphère économique. Il s’agit d’une exigence morale à laquelle nous ne pouvons pas renoncer : avons-nous le droit de tolérer l’intolérable sous prétexte qu’il est ordinaire ?
Si la guerre met en péril le droit à la vie, la pauvreté nie le droit à une vie digne. La Déclaration universelle des droits de l’homme ne parle pas seulement du droit d’exister, mais aussi du droit à l’éducation, au travail, à la santé, au bien-être. Autrement dit, elle fait de l’égalité réelle de conditions un impératif. Pas juste une aspiration, un impératif.
Il ne s’agit pas d’établir un parallèle simpliste entre bombes et faim. On s’entend bien… La guerre est une violence extrême, un crime politique qui appelle une réponse immédiate. Mais la pauvreté extrême et les inégalités structurelles sont une autre forme de violence ? plus diffuse, mais tout aussi éthiquement intolérable.
Cette violence-là, on la tolère parce qu’elle ne fait pas de bruit. Parce qu’elle s’habille de fatalité économique, de contraintes budgétaires, de réalisme politique. Parce qu’il est plus facile de pleurer sur les victimes de Gaza que de remettre en question un système économique mondial qui maintient Madagascar dans la dépendance.
Gaza nous rappelle l’urgence de la paix. Madagascar nous rappelle l’urgence de la justice sociale. L’éthique nous oblige à tenir les deux ensemble, même si c’est inconfortable.