On connaît les Français de l’étranger, les Français hors de France, les expatriés mais les binationaux n’ont pas la même visibilité. Le moins que l’on puisse dire est que ce n’est pas un hasard.

Les expressions précédemment citées répondent à des catégories administratives et juridiques qui se sont diffusées dans les postes diplomatiques pour parler de la communauté française – autre expression utilisée dans les instances consulaires. « Français de l’étranger » a été le plus utilisé à partir les années 1960, 1962 précisément, l’indépendance de l’Algérie sonnant le glas de l’empire français.
« Hors de France » implique une résidence, nécessairement temporaire, hors de métropole et des DOM-TOM. En effet, pour les Français métropolitains, ne pas vivre en France est presque une anomalie, un incident dans un parcours de vie qui, à un moment ou un autre, doit prendre fin. En outre, si un Français travaille à l’étranger, il devient au sens strict des migrations internationales, un, une émigré(e) pour les Français et un, une immigré(e) dans son pays d’accueil.
Le moins que l’on puisse dire est que les Français dans leur ensemble n’aiment pas se penser comme émigrés/immigrés car cette condition les renvoie aux immigrés sur le sol français. Hiérarchie symbolique peut-être mais très efficace dans l’imaginaire populaire.
Pour concilier la réalité migratoire et l’imaginaire populaire, pour ne pas dire nationaliste, juristes, diplomates et fiscalistes ont depuis une petite vingtaine d’année promus l’appellation de « Français hors de France ».
Cette expression est censée prendre en compte les différentes situations de métropolitains qui ont quitté la France.
Deux problèmes sont ainsi repérés à défaut d’être résolus : le maintien des droits civiques (droit de vote aux élections, représentation de la communauté française) et la prise en compte du statut fiscal (qui couvre un large spectre : où payer ses impôts ? avoir un patrimoine en France et hors de France, etc.).
Vu par ce prisme métropolitain et socialement marqué (des expatriés aux évadés fiscaux ?…), il n’y a pas de place pour les binationaux. Toujours aussi invisibles.
Nous y reviendrons.